WTT Champions Yokohama : un peu plus que l’antichambre de l’Europe Smash
Image : WTT
Avant-dernier rendez-vous d’un été chargé qui se conclura sur le très attendu Europe Smash, le Champions de Yokohama dévoile un tirage plus riche en enjeux qu’on pourrait le croire.
Du 7 au 11 août se tiendra à Yokohama le premier WTT Champions organisé au Japon. Pour la France métropolitaine, il faudra compter sept heures de décalage pour regarder les différentes sessions, qui devraient être diffusées comme d’habitude en live sur la chaîne YouTube du WTT, à noter que RMC Sport reprendra sa couverture du circuit à partir de l’Europe Smash. Troisième Champions de l’année avant Macao, Montpellier puis Francfort, Yokohama cristallise, de par sa place dans le calendrier, mais pas que, un certain nombre d’enjeux qui en font un évènement plus important qu’une grande répétition avant Malmö.
Reconfiguration
D’abord, il est à noter que ce tournoi arrive exactement 52 semaines après les Jeux olympiques individuels, remportés par Fan Zhendong et Chen Meng, qui ont depuis quitté le circuit international. Cet état de fait signifie que les pongistes étant allés loin dans le tournoi ont perdu cette semaine les points relatifs à celui-ci : le finaliste Truls Moregardh, par exemple, a perdu plus de 1.200 points ce mardi par rapport à mardi dernier (2.455 contre 3.680), même chose pour Sun Yingsha, même si l’impact est moindre. Lin Yun-ju, quart de finaliste à Paris, a perdu trois places sur le classement, et se retrouve donc, dès le premier tour, contre le n°1 mondial Lin Shidong pour la neuvième fois en WTT (pour huit défaites).
Les places 8,9 et 10 du classement messieurs sont à présent occupées par des joueurs parmi les plus brillants du circuit depuis la fin des Jeux : Xiang Peng, Darko Jorgic et Benedikt Duda. Côté dames, Hina Hayata et Shin Yubin, demi-finalistes, ont perdu respectivement deux et cinq places, au profit d’étoiles montantes comme Honoka Hashimoto (+3 places) ou Miyu Nagasaki (+6 places). La plupart des Olympiens, excepté Wang Chuqin – qui d’une certaine manière sort gagnant de tout ça – ont pris un coup dur sur leur positionnement (Omar Assar et Jang Woojin, quart de finalistes, perdent respectivement dix et sept places, et Sofia Polcanova et Miu Hirano, cinq et six places). Le circuit se reconfigure, et les tableaux de Yokohama en sont la preuve.
Les Japonais scrutés
L’autre grand enjeu concerne l’équipe nationale japonaise, et la concurrence qu’elle essaie de bâtir avec la Chine, dans comme hors des aires de jeu. Celle-ci jouera à domicile, comme ce fut le cas au Finals de Fukuoka, où de manière générale elle a répondu présente : la paire Sato/Hashimoto avait remporté le titre en double dames, et Tomokazu Harimoto avait atteint la finale. La récente prise de parole de ce dernier sur les règles défavorables de la T-League japonaise, dont l’ambition est de construire le circuit national le plus prestigieux du monde, s’inscrit dans une dynamique globale au pays du Soleil Levant : l’accélération de la compétitivité vis-à-vis de la Chine, et l’affirmation d’une vraie position de deuxième nation mondiale. Là où, depuis l’allègement des règles d’assiduité au WTT, les meilleurs Chinois choisissent plus spécifiquement leurs apparitions, le Japon met les bouchées doubles : les Contender et Star Contender sont plus que jamais dominés par les Japonais, notamment chez les dames. En témoigne ce qui s'est passé à Foz do Iguaçu.
Et cela porte ses fruits : à l’exception de Zhu Yuling, ex-internationale chinoise jouant désormais pour Macao, il faut descendre à la 12ème place mondiale pour trouver une joueuse d’une autre nationalité que la Chine ou le Japon, en la personne de Chen I-Ching, Taïwanaise. S’ensuivent deux autres Japonaises et une Chinoise, jusqu’à la place 16, occupée par Bernadette Szocs. L’hégémonie chinoise demeure, mais sa dauphine distance chaque jour davantage leurs concurrentes. Il faut désormais que cette « double domination » se retrouve régulièrement dans les évènements les plus prestigieux, comme ce fut le cas à Montpellier, qui avait vu une finale Miwa Harimoto / Satsuki Odo (en l’absence de Sun Yingsha et Wang Manyu). Quel meilleur test que ce Champions devant le public nippon ?
Chez les messieurs, Tomokazu Harimoto a du pain sur la planche après avoir fustigé la T-League, et le tableau lui semble plutôt favorable : pas de Félix Lebrun, et surtout, pas de Wang Chuqin dans sa route jusqu’à la finale. Ses deux bêtes noires devraient, toutes choses égales par ailleurs, se retrouver en demi-finale. Lui, s’il ne chute pas avant, retrouvera Lin Shidong (même chose), contre qui il n’a plus perdu depuis bien longtemps. Peut-il, enfin, s’offrir un autre Champions après son sacre à Budapest en 2022 ? Quoi qu’il en soit, on rappelle que Wang Chuqin ne fera pas l’Europe Smash. À bons entendeurs.
Les tableaux du WTT Champions de Yokohama sont à retrouver sur le site du WTT.