Depuis son double sacre aux Jeux olympiques de Paris, Fan Zhendong entretient le flou quant à la suite de sa carrière, entre vadrouilles loin du circuit WTT et performances de haut vol en Chinese Super League. Une retraite maintenant est-elle vraiment possible ?
Il a gagné le droit de faire ce qu’il veut. Du moins c’est comme ça qu’on l’interprète, tant il nous parait plus que jamais libre de ses mouvements depuis sa double victoire aux JO de Paris, sommet absolu de sa carrière. En ayant rejoint le club très fermé des champions olympiques en simple, Fan Zhendong a passé un nouveau palier, et ce palier a ses avantages. Les hautes instances de la fédération chinoise semblent lui avoir accordé des vacances, au même titre qu’aux vétérans Ma Long et Chen Meng. Redevenu numéro 2 mondial après les JO, Fan Zhendong n’a participé ni aux championnats d’Asie, ni aux différents tournois WTT de la fin d’année (Champions de Macao, de Montpellier et de Francfort, le China Smash et le Finals de Fukuoka), ni à la coupe du monde mixte, ne faisant des apparitions qu’aux compétitions 100% chinoises (championnats de Chine et Chinese Super League).
Cette absence aux évènements d’enjeux internationaux pose question, d’autant que ces derniers mois n’auront pas été les plus faciles pour l’équipe masculine chinoise. Il est évident que l’heure est à la transition dans ses rangs, et à la préparation de ce qu’on pourrait appeler “l’après Ma Long”, dont les protagonistes sont déjà tout désignés : Wang Chuqin et Lin Shidong. Mais qu’en est-il de Fan Zhendong ? À 28 ans, le récent champion olympique a tout gagné, et se trouve au centre de cette transition. Fait-il plutôt partie de la génération sortante, ou ascendante ? Au regard de la longévité de Ma Long, on serait tentés de répondre qu’il a encore de beaux jours devant lui, mais le “Dragon” n’est pas considéré comme le plus grand de tous les temps pour rien. C’est autour de l’âge de Fan Zhendong que des joueurs comme Zhang Jike ou Wang Hao se sont fait beaucoup plus rares, jusqu’à prendre leur retraite une fois la génération suivante pleinement lancée. En Chine, l’investissement gouvernemental dans les carrières des joueurs est tel que le droit de se retirer se “gagne” plus qu’ailleurs, et il se gagne avec des titres.
Fan Zhendong a sans aucun doute gagné ce droit. Sur le circuit professionnel depuis ses 15 ans, recordman de victoire en coupe du monde, double champion du monde et champion olympique en simple, sans compter ses innombrables titres par équipes, celui qu’on surnomme là-bas le “petit gros” a été un acteur incontournable de la domination chinoise au cours de la dernière décennie. Il n’a pas communiqué officiellement, les rumeurs vont donc bon train sur ses aspirations personnelles. On a pu lire ici et là qu’il a toujours souhaité se retirer en même temps que Ma Long, son plus grand partenaire, ou au contraire que ce ne sont là que des vacances bien méritées, avant un retour au plus haut niveau. Toujours est-il qu’il est aujourd’hui n°6 mondial, et qu’il n’avait plus quitté le top 5 depuis près de dix ans. Le jeu en vaut la chandelle : on prend un certain plaisir à le voir en concert de Taylor Swift, prendre des photos avec Luka Modric au Real Madrid (dont il est un fervent supporter), jouer au tennis avec Roger Federer ou encore prendre des cours de cuisine. Fan Zhendong ne ressemble qu’à lui-même : une machine de guerre dans l’aire de jeu, un fanboy et influenceur à l’extérieur. Retraite maintenant ou pas, nul doute qu’il est de ceux dont on continuera longtemps d’entendre parler.