Star Contender Muscat : la dernière valse avant les Finals fut tricolore
Image : WTT
À Muscat, les Bleus ont fait basculer un Star Contender dans une atmosphère rarement vue : domination, frissons, et une finale 100 % française comme point d’orgue. Avec un Félix Lebrun impérial et désormais tête de série à Hongkong, un Alexis Lebrun et un Simon Gauzy dans son sillage, et un Flavien Coton qui a bousculé la hiérarchie, le tennis de table tricolore a vécu une semaine exceptionnelle.
Félix Lebrun, maître du désert et tête de série aux Finals
À Muscat, il n’a pas seulement gagné : il a totalement dominé la compétition en ne concédant aucune manche jusqu’à la finale. Le décor semblait pourtant chargé de menaces. Il a cueilli Feng Yi-Hsin pour célébrer son centième succès sur le circuit, étouffé l’expérimenté Omar Assar, dominé Oh Junsung, jusqu’à ce duel tant attendu face à Vladimir Sidorenko, révélation du tournoi. Mais rien à faire, victoire en 3 manches face au Russe, pourtant tombeur de Simon Gauzy, et de Darko Jorgic.
Mais c’est évidemment la finale qui restera comme l’image forte de ce Star Contender : un duel de frères, de styles et d’énergies. Félix démarre en trombe, mène trois manches à rien, avant d’être rejoint par l’orgueil de son aîné. Ce dernier fut dos au mur à plusieurs reprises : quatre balles de matchs sauvées dans la cinquième manche, mené 7-3 dans la sixième. Alors que tout aurait pu basculer dans la manche décisive, le cadet a repris le fil, réimposé son rythme, et conclu avec une maîtrise déroutante. Ce titre à Muscat, second de l’année, le propulse à la quatrième place du classement WTT 2025 en nombre de points gagnés, scellant son statut de tête de série aux Finals de Hong-Kong du 10 au 14 décembre.
Alexis Lebrun et Simon Gauzy qualifiés : une onde de choc française
La victoire de Félix n’a été que la partie visible d’une semaine où les compteurs se sont affolés pour les Bleus. Pendant que le plus jeune s’ouvrait la voie vers un nouveau titre, les résultats parallèles ont offert un tournant inattendu : l’élimination en huitièmes de Jang Woojin vendredi matin a officiellement propulsé Simon Gauzy vers les WTT Finals, tandis que la sortie prématurée de Darko Jorgic dans l’après-midi avait ouvert la même porte à Alexis Lebrun. En quelques heures, la France basculait dans un scénario inédit : trois joueurs qualifiés pour le tournoi réunissant les seize meilleurs de l’année. Cela n’était plus arrivé depuis 1999, avec Jean Philippe Gatien, Christophe Legout et Patrick Chila.
Coton confirme, Picard surprend, Seyfried et Camille Lutz apprennent
Si la lumière s’est naturellement concentrée sur le sommet du tableau masculin, l’arrière-plan de ce Star Contender a aussi réussi à d’autres tricolores. Flavien Coton, d’abord, a livré à Muscat certainement son tournoi le plus construit, le plus solide, peut-être le plus mature. En domptant Park Ganghyeon, Yuta Tanaka puis en renversant Eduard Ionescu, il s’est frayé un chemin jusqu’aux demi-finales, où Alexis Lebrun lui a coupé la route en cinq manches (2-3).
Vincent Picard a incarné un autre type d’exploit, plus furtif, mais tout aussi symbolique. Éliminer Lim Jonghoon en qualifications, alors que le Coréen était tête de série du tableau final, relève du petit séisme. Pousser ensuite Oh Junsung en cinq manches a achevé de rappeler que le joueur de Thorigné reste imprévisible en totale confiance. Joe Seyfried, lui, a connu sa première entrée en seizièmes dans un Star Contender. C’était attendu, peut-être même espéré, mais il fallait le faire. Il s’est offert Leo De Nodrest en prime au premier tour
Chez les femmes, la dynamique a été subtile, mais réelle. Camille Lutz a remporté son premier match avec autorité avant de mener 2-0 sur la Sud-coréenne Lee Eunhye, qui a finalement trouvé les clefs. Jianan Yuan s’est hissée jusqu’en huitièmes, s’inclinant face à une Joo Cheonhui, demi-finaliste du WTT Champions de Montpellier.
Un tournoi qui révèle aussi un monde : Sidorenko, Kihara et les confirmations asiatiques
Muscat n’a pas vécu qu’au rythme de la délégation française. Le tournoi a offert une autre galerie de personnages et d’histoires qui racontent la diversité actuelle du tennis de table mondial. Vladimir Sidorenko, d’abord, a été la sensation du tableau masculin. En éliminant successivement Simon Gauzy, Kristian Karlsson puis Darko Jorgic, le Russe a dynamité le tableau avant de buter sur Félix. Un parcours pas si étonnant, au regard de ses performances en Pro A, avec Hennebont, depuis deux saisons.
Chez les femmes, Miyuu Kihara a remis de la lumière dans une carrière qui cherchait un nouvel élan. Sa victoire face à Hina Hayata a été le premier signal fort, suivie d’une demi-finale parfaitement maîtrisée contre Odo, avant une finale autoritaire face à Joo Cheonhui. On a retrouvé à Muscat une Kihara créative, audacieuse, presque scintillante, qui pourra prétendre entrer dans les quotas des Japonaises pour les grandes compétitions.
L’Asie a rappelé sa domination en doubles, avec les sacres d’Odo et Yokoi chez les femmes, de Lim Jonghoon et Oh Junsung en hommes, ou encore du duo Sato-Aida en mixte, irrésistibles depuis les qualifications.