Chen Meng : La grande sœur d’une nation
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By Jérémie
Image : WTT
Une page se tourne dans l’histoire de l’équipe nationale chinoise. On serait tenté de voir d’un œil similaire les départs de Fan Zhendong et de Chen Meng, du fait que leurs décisions de quitter le circuit WTT ont été annoncées simultanément. Mais même si les deux champions olympiques partagent bien des points communs, ce serait une erreur. De pile trois ans l’aînée de Fan Zhendong (à sept jours près), Chen Meng a atteint un statut dans l’équipe nationale féminine dont le contrechamp masculin serait plutôt Ma Long. Elle en est la doyenne, la “grande sœur” (Meng-jie, un titre honorifique chinois).
Chen Meng a commencé le tennis de table il y a 25 ans, et jamais elle n’avait fait une pause aussi longue que celle qu’elle s’est accordée après les Jeux de Paris, et qui débouche donc sur cette retraite internationale. C’est dire si son nom est aujourd’hui synonyme de l’excellence, de l’abnégation et de la domination qui caractérisent le ping chinois. Championne du monde junior en 2011 à la fois en simple, en double et par équipe, elle a fait une entrée fracassante sur le circuit senior, et pourtant, elle devra attendre quelques années avant d’y laisser exploser son palmarès en simple.
Longtemps lieutenante de Liu Shiwen, Ding Ning ou encore Li Xiaoxia, Chen Meng débloque tout en 2017, où elle remporte son premier ITTF Pro Tour Grand Finals, un titre qu’elle conservera quatre années de suite, jusqu’à 2020, année de naissance du WTT. Elle est la seule à avoir accompli un tel fait d’arme, femmes et hommes confondus. Gagnante également de la Coupe du Monde 2020, Chen Meng devient la figure de proue de l’équipe nationale dames, et assiste à l’ascension de Wang Manyu, Wang Yidi, et de Sun Yingsha. Quand on regarde de près la carrière de Chen Meng, ce qui frappe est autant son étonnante capacité à conserver certains titres que le grand nombre d’occasions manquées d’en remporter d’autres. En effet, outre ses quatre victoires de suite en ITTF Pro Tour Grand Finals, celle qui fut numéro 1 mondiale pour la première fois en 2018 a accompli l’immense exploit de conserver un titre olympique en simple, en remportant Tokyo 2020 et Paris 2024. Et malgré cela, elle n’aura jamais été championne du monde senior, pour près de trois fois plus de participations.
Si le sport a un aspect cruel, c’est bien la manière dont on gagne ou non le cœur des fans. En Chine, Chen Meng n’a jamais autant déchainé les passions que Liu Shiwen avant elle, et que Sun Yingsha après elle. Très respectée par ses cadettes, elle a vite obtenu cette aura de figure tutélaire, sans passer comme d’autres par la case “star” en son pays. Outre le fait que beaucoup en Chine voulaient voir triompher “Shasha” plutôt qu’elle à Tokyo et à Paris, c’est souvent sur ses épaules que les critiques publiques sont retombées, mais en “grande sœur”, elle les a encaissées, et a conservé cette solidité de marbre. C’était son fardeau.
C’est dans l’air : le départ de Chen Meng, c’est un peu le départ du phare de l’équipe féminine chinoise. Sa prestance, l’élégance de son jeu et sa combativité manqueront pour sûr au circuit WTT. Mais comme elle le disait dans son communiqué, son corps ne lui permet plus de répondre aux exigences d’assiduité de celui-ci. À quelques jours de ses 31 ans, elle la scène internationale avec un palmarès des plus fascinant, dont la dernière pièce restera ce titre d’athlète exceptionnelle de l’année 2024, obtenu au Weibo Grand Occasion, le 14 novembre dernier.
Source : ITTF
Source : Chen Meng (Facebook)
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