Pour une poignée de plaques décollées
Image : WTT
Après que Wang Chuqin a été une nouvelle fois contraint d’utiliser une raquette de secours suite à un étrange décollement de revêtement en entrant dans une aire de jeu des Mondiaux au Qatar, la fédération chinoise a décidé de prendre le taureau par les cornes, et d’imposer dans son championnat un système d’étui rigide et transparent pour le transport des raquettes. Le WTT devrait s’y mettre aussi : on ne touche pas à Wang Chuqin. Édito de la newsletter du vendredi 27 juin.
Rappelez-vous : fin juillet dernier, le tableau simple messieurs des JO basculait dans l’irrationnel avec la défaite surprise de Wang Chuqin, alors n°1 mondial et grand favori, en 16ème de finale face à Truls Moregardh. N’ayant jamais perdu contre lui en sept rencontres, il s’inclinait cette fois 4-2, méconnaissable. Peu après, le monde apprenait que la veille, alors qu’il célébrait son titre en double mixte avec Sun Yingsha, un photographe avait écrasé par mégarde sa raquette, abandonnée dans l’euphorie sur son sac. Si on en a parlé ici comme un fâcheux incident, l’affaire fit scandale en Chine, au point que l’ouverture d’une enquête fut demandée au comité international olympique pour faire la lumière sur les responsabilités de chacun.
Rebelote à Doha
Si d’une certaine manière, les blessures sont renfermées aujourd’hui, personne à la fédération chinoise (CTTA) n’a oublié ce jour où, sa raquette de secours en main contre un joueur aussi piégeux que Moregardh, Wang Chuqin sombra sous la pression. Une fois mais pas deux ? Raté : à Doha, en mai dernier, alors que le duo star du ping chinois Wang Chuqin / Sun Yingsha s’avance dans l’aire de jeu pour affronter Hugo Calderano et Bruna Takahashi, l’arbitre contrôle, comme c’est l’usage, les quatre raquettes. Si celles des Brésiliens et de “Shasha” ne présentent aucun défaut, celle du n°2 mondial souffre d’un étrange décollement de revêtement au sommet de sa tranche. Invité à en utiliser une autre, Wang Chuqin tente d’expliquer que sa raquette était parfaite lorsqu’il l'a présentée à la chambre d’appel, où se déroulent le choix des balles et les premiers contrôles de matériel. Le défaut résulterait donc de mauvaises manipulations lors des quelques minutes où le futur champion du monde n’était plus en possession de sa raquette. Rien n’y fait : voilà qu’il se retrouve à devoir une nouvelle fois utiliser son deuxième bois – ravivant sans doute au passage quelques mauvais souvenirs –, sans conséquence sur le match néanmoins (3-0).
La Super League a réagi
Ce nouvel incident impliquant leur pépite fut celui de trop pour la CTTA, qui n’est pas restée les bras ballants. Les plus observateurs auront remarqué que lors du Stage 1 de la Chinese Super League, qui s’est déroulé au début du mois, les joueurs et joueuses étaient munis d’étuis en plastique rigide et transparent pour les différents déplacements « officiels » de leur raquette, entre les chambres d’appel et les aires de jeu. Ces étuis, destinés à protéger le matériel des rayures et autres mauvaises manipulations, remplacent donc les traditionnelles enveloppes de transport, beaucoup moins sécurisantes, et permettent, par leur transparence, de réaliser un suivi de l’état des raquettes sans les toucher. Une innovation qui fait sens à la lumière de ce qui est arrivé à Wang Chuqin à Doha, et qui devrait à court terme devenir la norme au plus haut niveau, les sensations procurées par tel ou tel bois ou revêtement étant une composante majeure de l’expérience pongiste.