Tirage de l’Europe Smash : la Chine fragilisée, la Suède en route pour le rêve
Image : WTT
Pour son premier rendez-vous sur le sol européen, le Smash pose ses valises à Malmö, cœur battant du tennis de table suédois. Entre l’absence de Wang Chuqin qui fragilise la Chine, l’ambition de Truls Möregårdh devant son public, le tirage piégeux des Français et des huitièmes potentiellement explosifs, le spectacle s’annonce total en Suède.
Un pays façonné par le tennis de table
Accueillir le premier Europe Smash à Malmö n’a rien d’un hasard. La Suède est une terre de ping, forgée par des décennies d’exploits et de passion populaire. Depuis le sacre de Stellan Bengtsson en 1971, premier champion du monde suédois, jusqu’aux triomphes collectifs face à la Chine dans les années 90, le pays a bâti une culture sportive unique. Le mythique Swedish Open, organisé sans discontinuer depuis 1954, a façonné des générations de joueurs, dont la figure de proue demeure à ce jour le champion olympique Jan-Ove Waldner, tout comme la marque STIGA, véritable symbole national, qui équipe les champions depuis plus de 80 ans. Aujourd’hui, la flamme est ravivée par Truls Möregårdh, vice-champion olympique et idole du public, artisan également de la médaille d’argent par équipes de la Suède à Paris l'été dernier, aux côtés d’Anton Källberg et Kristian Karlsson. Malmö apparaît comme le cadre naturel pour ce nouveau rendez-vous majeur.
Un vide qui fragilise l’Empire chinois
L’absence de Wang Chuqin, numéro 2 mondial et pilier incontesté de l’équipe de Chine, ouvre une brèche rare dans la domination masculine chinoise. Lin Shidong, leader du classement mondial, traverse une période de doute : aucune finale depuis la Coupe du monde d’avril à Macao, dernier titre en février à Singapour, et une élimination précoce la semaine dernière face à Dang Qiu au deuxième tour du Champions de Yokohama. Même constat pour Liang Jingkun, diminué par une blessure en Ligue chinoise et battu dès son entrée en lice au Smash des États-Unis début juillet. Seul Xiang Peng semble en forme, mais son duel dès le premier tour contre Dimitrij Ovtcharov pourrait freiner ses ambitions. Avec ces trois hommes regroupés dans la même partie de tableau, la probabilité de voir un finaliste non chinois grimpe en flèche, à moins que Yuan Chen ou Wen Ruibo, situés dans la partie basse du tableau, ne parviennent à déjouer tous les pronostics.
Truls Möregårdh, l’espoir d’un peuple
Porté par l’énergie de son public et son tempérament de showman, Truls Möregårdh aborde cet Europe Smash en tête de série numéro 6, avec l’ambition de frapper fort à domicile. Sur le papier, son parcours s’annonce corsé : Eduard Ionescu au premier tour, probablement Sora Matsushima ensuite, puis un choc face à Patrick Franziska en huitième de finale. Les quarts pourraient lui réserver Tomokazu Harimoto, avant une demi-finale rêvée contre Hugo Calderano et, pourquoi pas, une finale face à Lin Shidong. Un chemin semé d’embûches, mais idéal pour un joueur qui aime hausser son niveau au fil des tours. Derrière lui, Anton Källberg bénéficie d’un début de tableau plus clément, avant un probable duel avec le numéro 1 mondial dès le troisième match. Pour Mattias Falck, le défi est immédiat avec Patrick Franziska d’entrée, tandis que Kristian Karlsson devra tenter l’exploit face à Harimoto. Autant dire que la mission suédoise s’annonce relevée, mais l’histoire a déjà prouvé que Truls sait se transcender.
Les Bleus encore mal servis au tirage
Décidément, la malchance poursuit les Français dans les grands rendez-vous. Tête de série numéro 5, Félix Lebrun hérite dès son entrée en lice du Sud-Coréen Woojin Jang, actuel 25ᵉ mondial, un adversaire redoutable pour un premier tour. S’il passe l’obstacle, le chemin reste escarpé avec Yukida Uya en ligne de mire, puis un possible huitième de finale face à Benedikt Duda, avant un quart contre Hugo Calderano. Simon Gauzy, lui, commencera face à Lin Gaoyuan, qu’il a battu récemment aux Mondiaux. Un tableau qui pourrait légèrement s’ouvrir ensuite, avec Kanak Jha ou Anders Lind comme adversaires potentiels. Thibault Poret devra défier la tête de série numéro 16 An Jaehyun, tandis que Flavien Coton affrontera le numéro 14 Oh Junsung. Seul Lilian Bardet semble avoir tiré un premier tour plus abordable face à Youssef Abdelaziz, mais il pourrait croiser rapidement Dang Qiu en cas de victoire. Chez les dames, la mission paraît tout aussi compliquée : Jianan Yuan pourrait retrouver la numéro 1 mondiale Sun Yingsha dès les 16ᵉ de finale, tandis que Prithika Pavade risque de croiser la route de Chen Xingtong, récente lauréate du Champions de Yokohama, dès le deuxième tour.
Des huitièmes qui pourraient promettre du spectacle
Si la logique du classement mondial est respectée, les huitièmes de finale devraient offrir un plateau explosif. Chez les messieurs, le choc entre Lin Shidong et Anton Källberg pourrait enflammer le public suédois, tout comme l’opposition entre Dang Qiu et Xiang Peng, qui promet un duel de styles. Liang Jingkun retrouverait Anders Lind pour un match où la puissance brute pourrait faire la différence, tandis que Lin Yun-Ju défierait Darko Jorgic dans un duel de techniciens. Truls Möregårdh serait attendu face à Patrick Franziska, un test grandeur nature pour le héros local, doublé d’une revanche de taille après leur thriller à Incheon (4-3 pour l’Allemand).
Tomokazu Harimoto croiserait lui An Jaehyun, Félix Lebrun aurait encore rendez-vous avec Benedikt Duda, et Hugo Calderano devrait se mesurer à Oh Junsung. Chez les dames, les affiches sont tout aussi relevées : Sun Yingsha face à Hina Hayata promet un classique du circuit asiatique, tandis que Cheng I-Ching défierait Mima Ito. Chen Xingtong se mesurerait à Bernadette Szocs, et Chen Yi affronterait Miwa Harimoto, symbole du renouveau nippon. Zhu Yuling rencontrerait Satsuki Odo, Shi Xunyao serait opposée à Kuai Man, Wang Yidi à Honoka Hashimoto et enfin Miyuu Nagasaki défierait Wang Manyu, pour clore une série de duels de très haut niveau.