Sans les Chinois, un nouveau battle royal
Image : WTT
Le WTT Champions Francfort a offert un spectacle dantesque où, sans les ténors chinois retenus aux Jeux Nationaux, une nouvelle hiérarchie s’est dessinée. Entre l’explosion du jeune Japonais Sora Matsushima, et la revanche éclatante d’Hina Hayata, le tennis de table mondial a vécu une semaine d’émancipation.
Un continent sans empire
Privé de la redoutable armada chinoise, le WTT Champions de Francfort a ouvert un boulevard aux outsiders. Dès les 16e de finale, la couleur était donnée : l’Américain Kanak Jha renversait Darko Jorgic une semaine après sa perf montpelliéraine face à Calderano, l’Indien Manav Thakkar signait un exploit face à Tomislav Pucar, tandis qu’Anton Källberg éteignait en trois sets secs le tout frais vainqueur de Montpellier, Truls Moregardh. Chez les dames, Mima Ito retrouvait son tranchant, Adriana Diaz déroulait son ping offensif et la vétérane Ying Han, 42 ans, faisait chavirer le public allemand en écartant Cheng I-Ching.
Ovtcharov rallume la flamme, Gauzy bouscule l’ordre établi
En 8e de finale, la foule de Francfort vibrait pour un héros retrouvé : Dimitrij Ovtcharov, 37 ans, qui s’est offert Tomokazu Harimoto, tête de série n°2. Un triomphe symbolique pour légende allemande, qui s’est revu plus jeune sous les acclamations du public. De son côté, Anders Lind a poursuivi sa mue en battant Shunsuke Togami, pour ses derniers jours sur le circuit, Lee Sang Su a dégouté Lin Yun-Ju, tandis que Simon Gauzy, inspiré, a fait tomber son ami Hugo Calderano, décidément loin de Macao et Foz do Iguaçu.
Côté féminin, l’Égyptienne Hana Goda (17 ans) rééditait son exploit de Montpellier pour atteindre un nouveau quart, Elizabeta Samara sortait la Japonaise Satsuki Odo, et la n°1 mondiale Miwa Harimoto tenait son rang face à l’héroïne de Montpellier Sabine Winter. Cette édition ressemblait de plus en plus à un battle royal européen et asiatique, où la diversité des styles faisait oublier l’absence des cadors chinois.
Lind, Qiu et Hayata ont enflammé Francfort
Les quarts de finale ont marqué le tournant du tournoi. Anders Lind, en feu, brisait enfin la malédiction face à Félix Lebrun, l’un des favoris pour le titre. Après six défaites consécutives contre le Français, le Danois trouvait la clé d’un match magistral (4-2).
En parallèle, Dang Qiu, soutenu par tout un peuple, dominait Anton Källberg au terme d’un thriller de cinq manches, tandis que Lee Sang Su continuait sa chevauchée en éliminant Simon Gauzy avant de tomber en demi-finale face à l’Allemand, scellant ainsi la fin d’une immense carrière internationale.
Chez les dames, le choc 100 % japonais entre Hina Hayata et Miwa Harimoto s’annonçait inévitable. Mima Ito s’inclinait en demi-finale face à Hayata, tandis que Harimoto écartait sans trembler Shin Yubin.
Le sacre d’une nouvelle génération
Chez les dames, Hina Hayata a pris sa revanche sur Harimoto après sa défaite à Londres deux semaines plus tôt. Un duel d’une intensité folle, étiré sur sept manches, conclu sur un échange de feu et un cri libérateur de Hayata (11-9 à la belle). Elle venait d’enfin décrocher son premier titre WTT Champions.
Quelques instants plus tard, la jeunesse japonaise prenait définitivement le pouvoir. À 18 ans seulement, Sora Matsushima a complètement ligoté Dang Qiu (11-8, 15-13, 11-13, 18-16, 11-9) dans une finale désarmante. Une victoire à la fois technique et émotionnelle, synonyme de consécration pour le prodige japonais, finaliste malheureux à Montpellier une semaine plus tôt. Deux finales consécutives, et un titre historique : Matsushima s’impose déjà comme l’un des plus grands espoirs du ping mondial. Ou l’une des plus grandes menaces.