Lee Sang-su, l’éternel outsider
Image : WTT
Texte : Alex Feutren
Longtemps dans l’ombre de stars mondiales, Lee Sang-su s’est offert une nouvelle éclaircie au WTT Champions d’Incheon, chez lui, en Corée. À 34 ans, le discret droitier a prouvé qu’il fallait encore compter sur lui. Retour sur les hauts faits d’un joueur aussi imprévisible qu’attachant.
Quand on pense à la Corée du Sud dans le monde du tennis de table, les noms de Joo Sae-hyuk ou Ryu Seung-min surgissent immédiatement. Mais un autre joueur, plus discret, a su écrire son histoire avec ténacité : Lee Sang-su. En mars dernier, alors qu’il figurait parmi les derniers inscrits du WTT Champions Incheon, il a créé la sensation en atteignant la finale, écartant notamment Félix Lebrun, Lin Gaoyuan et Lin Yun-Ju. Une performance qui résonne comme un retour en grâce pour ce combattant du circuit.
Une entrée fracassante sur la scène mondiale
C’est en 2010 que Lee fait sa première apparition sur la scène internationale. Sorti des qualifications de l’Open de Slovénie, il déjoue tous les pronostics pour s’imposer en finale face au Suédois Jens Lundqvist. Une première historique : jamais un joueur qualifié n’avait encore remporté un tournoi du Pro Tour. Le ton était donné. Mais ensuite, la carrière de Lee n’a pas suivi une trajectoire aussi linéaire que cette entrée l’avait laissé penser. Plus à l’aise en double, il s’illustre en 2013 aux Mondiaux de Paris en décrochant la médaille d’argent en double mixte avec Park Young-sook, future compagne et mère de ses deux enfants. Le duo s’incline en finale 4-2 contre les Nord-Coréens Kim Hyok-bong et Kim Jong.
Sa régularité en équipe nationale s’est également traduite par des résultats solides aux Championnats du monde par équipes. En 2016 à Kuala Lumpur, puis en 2018 à Halmstad, il décroche la médaille de bronze avec la sélection sud-coréenne. Il s’impose alors comme un partenaire fiable, capable d’apporter des points précieux face aux meilleures nations du monde.
Une carrière en dents de scie, mais des sommets inoubliables
En simple, Lee atteint en 2017 le top 10 mondial et grimpe jusqu’à la 7e place l’année suivante. Mais il peine à franchir un cap durable. Ce n’est que plus récemment que le Coréen s’est offert des éclats marquants. Le plus mémorable : son sacre aux Championnats d’Asie 2021 à Doha. En battant Chuang Chih-Yuan en finale, il devient le premier Sud-Coréen à remporter ce titre en simple depuis la création du tournoi en 1952. Un exploit qui assoit sa place dans l’histoire du tennis de table coréen.
Toujours capable de coups d’éclat, Lee refait parler de lui en 2023 en s’offrant Fan Zhendong, alors numéro deux mondial, lors du WTT Champions à Francfort. À chaque fois qu’on le croit sur la pente descendante, il trouve les clés pour revenir. À l’aube de la fin de sa carrière, Lee Sang-su ne semble pas pressé de tourner la page. Sans jamais avoir dominé le classement mondial, stagnant autour de la 30e et 40e place depuis 2023, il s’est imposé comme une figure d’expérience, respectée pour sa combativité et sa capacité à bousculer les plus grands. Le joueur piège par excellence. L’éternel outsider.