La parole est à la défense

La parole est à la défense

Image : WTT

 

En remportant le WTT Contender de Taiyuan sans perdre un seul set, Honoka Hashimoto a confirmé sa belle dynamique du moment, et par extension celle du style de jeu défensif, bousculé, jamais enterré. Ce ne sont pas Hitomi Sato ou Rémi Betelu qui diront le contraire. Edito de la newsletter du vendredi 18 avril.

 

C’est assez rare pour être souligné : les deux dernières semaines de WTT furent celles de la défense. Pour en avoir le cœur net, faisons les comptes : après s’être imposée en double avec Saki Shibata, Hitomi Sato (n°45) a remporté le tableau simple dames au Feeder Otocec II, tournoi où son compatriote défenseur Yuto Muramatsu a performé jusqu’en quart de finale – échouant contre Simon Gauzy, futur vainqueur. Rebelote à Havirov quelques jours plus tard : Sato fait le doublé simple dames / double dames avec Saki Shibata, tandis que le français Rémi Betelu atteignait les demi-finales pour ses tout premiers pas sur le circuit international. Et enfin, au WTT Contender de Taiyuan, Honoka Hashimoto (n°13) a conclu en beauté ce début de mois en s’offrant le titre en simple dames, sans perdre une seule manche au cours du tournoi. Sa finale contre la légende Zhu Yuling parle pour elle-même : la défense peut encore attaquer très fort.

Il faut dire que les évolutions modernes du ping ont imposé à ce style de jeu une traversée du désert. Si on le trouvait en finale des championnats du monde il y a un peu plus de vingt ans – en la personne de Joo Sae-hyuk – il s’est fait plus rare ensuite, notamment avec l’arrivée de la balle plastique et des revêtements toujours plus rapides. La balle ne tournait plus assez vite ; et en face, ça frappait de plus en plus fort. Les défenseurs dits “modernes” – les post-Joo Sae-hyuk, disons –, quoique sublimes à voir jouer, ont mis un certain temps à briser le plafond les séparant de titres majeurs, mais on observe que ça s'améliore d'année en année. En remportant son troisième top 16 européen en quatre éditions, alors qu’elle revenait de blessure et n’était même plus référencée sur le classement mondial, Han Ying a surpris tout le monde. Quelques mois plus tôt, la victoire de la paire Hashimoto / Sato au prestigieux WTT Finals de Fukuoka a créé un séisme. Elles sont aujourd’hui numéro 2 mondiales en double dames.

Linda Bergström, Yang Wang, Mathieu de Saintilan, Hitomi Sato, Ruwen Filus, Yuto Muramatsu, Han Ying, Sun Yang, Ma Te (lequel a d’ailleurs infligé fin mars un 11-0 à Xiang Peng)… Autant de joueurs et joueuses d’aujourd’hui et de demain par lesquels continue de se transmettre ce style souvent bousculé par l’histoire du ping. Il semble qu’ils aient pour certains trouvé une faille à exploiter : défendre avec des picots plus courts qu’auparavant, voire carrément avec des softs, pour mieux contre-attaquer ; nous y reviendrons. Avec sa victoire à Taiyuan, Honoka Hashimoto, 26 ans, s’est hissée aux portes du Top 10 et confirme qu’elle est aujourd’hui la meilleure défenseuse du monde. De quoi en inspirer plus d’un(e) ?