Championnats de France 2025 : une édition chargée d’histoire et de promesses

Championnats de France 2025 : une édition chargée d’histoire et de promesses

Image : Rémy Gros / FFTT

 

Au cœur d’une ville de Levallois intimement liée à l’histoire du tennis de table européen, la 95ème édition des championnats de France a donné un portrait réjouissant du présent et de l’avenir du ping français, tout en rendant un bel hommage à ses légendes.

 

Première édition “post-Jeux olympiques”, les championnats de France 2025 étaient sans doute les plus attendus depuis longtemps. Alors que le ping jouit depuis le mois d’août d’un engouement inédit, l’évènement était porteur d’un double défi dont nous ne verrons que plus tard les effets : rendre observable et concrète cette ferveur nouvelle, au-delà du seul bond d’inscriptions en club, et la redynamiser pour les mois et années à venir.

Diffusé pour la première fois en intégralité sur la chaîne YouTube de la FFTT et en live sur l’Équipe (Table 1), le tournoi s’est joué au Palais des sports Marcel-Cerdan de Levallois, bastion historique du ping, hôte du premier club français en termes de titres et de licenciés. Un choix symbolique, qui convoque une certaine tradition de notre sport – le Grand Prix de Levallois s’y est tenu plusieurs années au début du siècle – alors même qu’il est, à plusieurs égards, en pleine mutation. Sans doute y avait-il là une volonté de conserver certains repères, rester dans une salle de 3000-4000 sièges, et faire en sorte que l’évènement demeure une célébration du sport et non du buzz dont il fait l’objet depuis les Jeux. 

 

Des hommages bouleversants

Cette édition nous a réservé de nombreuses surprises et rencontres inoubliables (auxquelles nous consacrerons un article complet), non dénuées d’une certaine charge émotionnelle et générationnelle. Pas moins de quatre légendes des championnats de France ont en effet tiré leur révérence à Levallois : Emmanuel Lebesson en premier lieu, qui s’est incliné samedi au terme d’un duel épique contre l’étoile montante Thibault Poret. Bouleversante, l’ovation de plusieurs minutes qui s’est ensuivie – sous les yeux des Mousquetaires, du président de la fédération, et la famille de “Manu” – fut l’un des grands moments de ces championnats de France.

Même émotion quelques heures plus tard pour Quentin Robinot, qui, après avoir vaillamment bataillé contre Alexis Lebrun, a été à son tour ovationné par le Palais des Sports, comme l’un des chefs de file d’une génération de pongistes européens parmi les premiers à avoir accroché (voire battu) les Chinois. C’était également la dernière édition d’Abdel-Kader Salifou et Stéphane Ouaiche, qui ont été stoppés vendredi respectivement par Jules Rolland et Nathan Lam. Chez les filles, pas de retraite de championnat à déplorer.

 

Entre surprises et continuité

En simple, les deux tableaux n’ont pas du tout eu la même physionomie. Battue uniquement par elle-même chez les messieurs, l’équipe de France olympique a tenu son rang (Simon Gauzy a été vaincu par son collègue Jules Rolland, Alexis Lebrun par son frère Félix), mais elle a été complètement renversée côté dames. Prithika Pavade, tête de série n°1, a chuté en huitième face à la prodige de 14 ans Nina Guo Zheng, Charlotte Lutz contre Léana Hochart, Audrey Zarif contre Océane Guisnel et Camille Lutz contre Anais Salpin. Cette dernière et Pauline Chasselin ont survolé la compétition, s’adjugeant l’or en double dames et les deux premières places en simple. L’histoire fait bien les choses. En double mixte, ce sont les espoirs Flavien Coton et Charlotte Lutz qui ont trouvé les clés pour battre la paire Chasselin / Grégoire Jean, et infliger à Laura Pfefer sa seule et unique défaite du week-end en tant que coach. 

 

Image : Rémy Gros / FFTT

 

Ils étaient attendus au tournant par leurs concurrents, le public et tous les médias, ne laissant, il faut le dire, que les restes à tous les autres : les frères Lebrun ont répondu présents tout le long de la compétition. Numéros 1 mondiaux, ils ont été sacrés en double messieurs contre leurs amis Florian Bourrassaud et Esteban Dorr (n°3) – cette discipline étant devenu une spécialité française – et ont disputé en simple la finale que tout le monde attendait plus ou moins secrètement. Peu les auront accrochés au cours du tournoi, même si Félix a dû sortir le grand jeu contre Léo de Nodrest (4-2), et Alexis a failli se faire piéger par l’électron libre de cette édition, Romain Brard (4-2), tête de série 30 et bourreau de Hugo Deschamps, Lilian Bardet et Esteban Dorr. Après deux défaites consécutives, le cadet a pris cette fois le meilleur (4-3) en finale pour s’offrir son premier titre, quelques mois après sa victoire symbolique au WTT Champions de Montpellier. 

On quitte ces championnats de France avec une nouvelle fois l’idée que la France est aujourd’hui une grande nation du tennis de table, qui, outre les mastodontes que l’on connait, possède dans ses rangs de jeunes athlètes au talent immense. Que les légendes partent le cœur léger, la relève est là.