Coupe du monde : pas de calme après la tempête

Coupe du monde : pas de calme après la tempête

Image : Weibo / CTTA

 

Quelques heures après le sacre historique de Hugo Calderano, grand vainqueur de la coupe du monde de l’ITTF à Macao, trois informations d’ampleur différente nous sont parvenues, cristallisant ensemble les enjeux contemporains auxquels fait face la planète ping : une sanction, une union et une démission. Edito de la newsletter du 24 avril.

 

 

Six mois de suspension : c’est la sanction que vient d’infliger la fédération japonaise de tennis de table à Koki Niwa, ancien numéro 5 mondial, après avoir découvert ses activités sur un site illégal de paris en ligne. Les casinos et autres jeux d’argent non publics comme les courses sportives étant interdits au Japon, de nombreux joueurs tentent d’accéder aux plateformes étrangères en utilisant de la cryptomonnaie. C’est ce qui est reproché à Niwa, dont les sommes mises en jeu atteindraient des dizaines de millions de Yens, selon le quotidien local Yomiuri Shimbun. De quoi ajouter une affaire sur la pile déjà épaisses de cas liant le monde du ping et celui du pari en ligne. 

Il y a un mois par exemple, quatre joueurs anglais – Luke Savill, Darius Knight, Joseph Langham-Ferreira et Kazeem Adeleke – ont comparu pour des infractions au règlement anticorruption de la fédération anglaise de tennis de table après avoir truqué leurs matchs. En France, ce sont des joueurs comme Benjamin Fruchart ou Denis Dorcescu – pour ne citer que ceux ayant accepté de témoigner dans un reportage de TF1 – qui ont été victimes de menaces et de représailles après des résultats ayant déplu à des parieurs étrangers. Même si elle est différente dans ses tenants et aboutissants, l’affaire Niwa ne peut qu’attirer une attention plus grande sur les grands réseaux illégaux de paris en lignes, dont l’impact psychologique et sportif sur les carrières n’a d’égal que l’ampleur des sommes mises en jeu. 


Un nouveau syndicat

Comment donc protéger les joueurs et l’intégrité du sport alors que celui-ci grandit chaque jour ? Comment parler d’une voix commune et forte aux instances supranationales qui mettent parfois du temps avant de prendre en considération les attentes des joueurs et joueuses ? C’est la deuxième information de la semaine : un groupe de pongistes parmi lesquels figurent Patrick Franziska, Bernadette Szocs, Hugo Calderano, Bruna Takahashi, les frères Lebrun, Simon Gauzy, Benedikt Duda ou encore Xiaona Shan, viennent de créer l’UTTP, l’Union des joueurs de tennis de table, un nouveau syndicat dont la vocation est de faire du circuit mondial un environnement plus juste, intègre et transparent, et de protéger les joueurs des abus, intimidations et discriminations dont ils sont victimes. 


Démission de Liu Guoliang de la CTTA

L’UTTP parlera d’une seule voix aux instances, se positionnant en interlocuteur de poids dans les négociations. En effet, cette initiative, portée par des joueurs et joueuses de différents continents, s’inscrit dans un contexte de défiance vis-à-vis du WTT, même si du travail a été fait pour apaiser les esprits depuis quelques semaines. Parallèlement à tout ça, nous avons enfin appris que Liu Guoliang, président de la fédération chinoise (CTTA) et aussi directeur du WTT – une double casquette faisant de lui l’un des hommes les plus puissants du ping mondial –, quittait la première au profit de son ancien coéquipier, le triple champion du monde Wang Liqin. A-t-il été poussé à la sortie après l’échec de ses hommes face à l’insurmontable Hugo Calderano à Macao ? Le timing interroge quelque peu. Toujours est-il qu’aux côtés de Wang Liqin, c’est ni plus ni moins que Ma Long qui officiera comme co-vice-président, au même titre que Gao Yuanyi. Une véritable consécration pour le “Dragon”, qui, à peine sa carrière de joueur terminée, devient un acteur décisionnaire majeur de sa fédération. 

À trois semaines des championnats du monde au Qatar, on peut dire que la planète ping continue de se questionner, et de se reconfigurer. Une mobilité rapide qui peut donner le vertige, mais qui témoigne surtout du dynamisme actuel de notre sport à l’échelle mondiale. Il bouillonne, nous aussi.