WTT Champions Incheon : Et à la fin, c’est quand même un Chinois qui gagne
Image : WTT
Premier Champions de la “nouvelle ère” du WTT, Incheon s’est joué sans le trio Lin Shidong, Wang Chuqin et Liang Jingkun. De quoi laisser penser que le tournoi tournerait cette fois en faveur d’une autre nation. Un péché de naïveté dont Xiang Peng, n°23 mondial et figure montante du ping chinois, n’a fait qu’une bouchée.
Sur le papier, le WTT Champions d’Incheon ressemblait à l’anti-Chongqing : deux tableaux beaucoup plus ouverts qu’à l’accoutumée, symbole de cette nouvelle ère initiée par le WTT, celle du droit au forfait et à l’exemption d’amende. Il y avait par ailleurs quelque chose de beau à voir Lin Shidong, Wang Chuqin, Liang Jingkun, Sun Yingsha et Wang Manyu sauter sur l’occasion de faire une pause en ne participant pas à ce tournoi, pour arriver le plus frais possible à Macao le 14 avril prochain. Une manière de dire à leurs aînés, Fan Zhendong et Chen Meng – dont les départs très politiques sont à l’origine de ces réglementations plus flexibles – qu’ils n’ont pas fait ça pour rien, que leur geste trouve immédiatement un sens. Et les autres nations d’y voir un sursaut de motivation : sans ce bloc infranchissable, tout était plus que jamais possible.
Le facteur Xiang
Dans ce contexte, l’élimination prématurée de Félix Lebrun a fait particulièrement mal. Favori aux yeux de beaucoup (dont les nôtres) au regard de certains paramètres – beau parcours à Chongqing, fraîchement champion de France, il n’a jamais perdu contre Harimoto, Calderano et Lin Gaoyuan en perte de repère – , il s’est incliné face au joueur piège du tournoi, l’expérimenté Lee Sang Su (n°45). Félix le premier savait que ce serait difficile : leur dernière rencontre, à Francfort en 2023, avait été un thriller irrespirable (3-2 pour le Français), et devant leur public, les Coréens ont la réputation d’être particulièrement coriaces (Jang Woojin avait notamment battu Wang Chuqin à Busan). Aussi impérial que chanceux quand il fallait l’être, l’ancien numéro 6 mondial a fait plier le champion de France, initiant l’un des meilleurs tournois de sa carrière, qui le mènera jusqu’en finale. Ni Anders Lind, ni Lin Gaoyuan, ni Lin Yun-ju n’auront en effet trouvé le moyen de l’arrêter.
L’histoire était belle. Trop même, si l’on en croit la (fausse ?) surprise de ce Champions : le jeune Chinois Xiang Peng (n°23). En quatre sets terrifiants, celui-ci a mis fin aux rêves d’un joueur et d’un peuple. Si Lee a accroché le premier (11-8), il n’a mis que sept points sur les trois suivants (11-0, 11-3, 11-4), subissant la loi d’un joueur qui vient de s’offrir un argument de choix dans la course aux prochaines grandes échéances internationales. Avant le Coréen, ce sont successivement Omar Assar (n°18), Jang Woojin (n°12), Hugo Calderano (n°5) et Patrick Franziska (n°8) qui ont échoué ne serait-ce qu’à le pousser à la belle. Xiang Peng, 22 ans, a survolé le Champions de Incheon en l’absence des trois de devant ; incarnant avec fougue, protégeant avec force, l’hégémonie chinoise. Elle lui sera redevable.
Wang Yidi, comme une évidence
Là où chez les messieurs, les têtes de série sont tombées comme des dominos (Harimoto contre Lin Yun-ju, Calderano et Franziska contre Xiang Peng), elles ont tenu leur rang chez les dames. Sans Wang Manyu et Sun Yingsha, Wang Yidi (n°3) et Chen Xingtong (n°4) se sont hissées sans trop de difficultés jusqu’en finale ; laquelle fut néanmoins exceptionnelle. D’abord menée trois sets à un puis 10-6 à la belle, Wang Yidi a arraché la victoire à sa compatriote (4-3, 12-10) pour s’offrir un nouveau titre en Champions et consolider sa place de numéro 3 mondiale. Parmi les surprises de taille du tableau féminin, on notera quand même la victoire sans appel de Miwa Harimoto sur l’étoile montante Kuai Man (4-0), pour rejoindre les demi-finales (où elle s’est néanmoins inclinée 4-2 face à Wang Yidi). À son meilleur classement mondial en carrière (n°5), la Japonaise de 16 ans a parfaitement défendu son rang, et consolidé sa place de principale menace de la Chine. La route est longue pour toutes et tous.