Image : WTT

Ça n’a rien d’un hasard. Quelques heures seulement après les championnats de France, Esteban Dorr, Thibault Poret et Flavien Coton se sont envolés pour Chennai en Inde, où se déroulait un WTT Star Contender. Et si le premier a rapidement chuté, les deux autres, impériaux aux France, ont signé des résultats ultra prometteurs. De quoi tirer certaines conclusions ?

CQFD. Il y a une semaine à peine, nous évoquions les 95ème championnats de France comme une édition porteuse de nombreuses promesses pour l’avenir du ping français. Nous ne croyions pas si bien dire : quelques jours plus tard, les deux étoiles parmi les plus brillantes de Levallois ont irradié Chennai, et rebattu les cartes d’un Star Contender gorgé de perfs et de surprises. 

Ça avait pourtant mal commencé pour les tricolores, forcés par le tirage à s’entredévorer dès le premier tour. Déçu aux championnats de France, Esteban Dorr était en droit d’espérer mieux que d’affronter Flavien Coton, placé sur orbite par son titre en double mixte. Ce dernier, n°109 mondial et champion du monde cadets en octobre dernier, ne lui a pas fait de cadeau en 32ème de finale (3-1). Derrière, ce fut une démonstration : Flavien a d’abord éliminé Alvaro Robles (n°32), mais surtout Sora Matsushima, champion du Japon en titre et numéro 31 mondial. Une victoire somme toute symbolique ; les deux joueurs, âgés respectivement de 16 et 17 ans, étant considérés comme des espoirs incontournables de leur pays. Le fait que l’un en soit champion en titre et que l’autre ait été éliminé en huitième – contre Simon Gauzy – montre qu’un écart qui semblait béant il y a quelques années a disparu entre les nations européennes et asiatiques. 

Deux parcours en miroir

Il aurait pu s’arrêter là, rassasié de deux perfs l’ayant placé joueur piège pour les mois à venir, et candidat sérieux à une Wild Card ou WTT Nomination d’un futur Smash ou Champions. Mais jamais deux sans trois, Flavien Coton s’est offert en quart de finale le Danois Jonathan Groth, n°17 mondial et tête de série 3, avec une aisance assez déconcertante (3-0), devenant au passage le plus jeune demi-finaliste français d’un tel tournoi, aux côtés d’un certain Félix Lebrun. C’est finalement le Coréen Oh Junsung, tombeur d’Omar Assar et de Tomislav Pucar (lui-même bourreau de Harimoto), et futur vainqueur du tournoi, qui mettra fin à son rêve d’un sévère 3-0. “J’ai l’impression d’avoir passé un cap, nous dit-il, je pense qu’il y a quelques mois de ça, je n’aurais pas été capable d’enchaîner des victoires sur des membres du Top 30. Je suis parti en Inde le lendemain des France, donc j’étais en pleine confiance”. On voit ça.

Image : WTT

De son côté, Thibault Poret, 20 ans et n°54 mondial, a lui aussi impressionné son monde, et même d’une manière un peu plus subtile que son compatriote. Si Flavien a enchainé les perfs, Thibault s’est transformé en briseur de rêve. À partir des huitièmes, il a tour après tour, muselé les joueurs qui sortaient de performance. Feng Yi-Hsin venait de sortir Quadri Aruna, il a perdu contre Thibault Poret. Snehit Suravajjula avait battu Yukiya Uda et Sharath Kamal, il a perdu contre Thibault Poret. Manav Thakkar venait de s’imposer contre Lim Jonghoon, lui-même tombeur de Hugo Calderano (n°5), il a perdu contre Thibault Poret. Quart de finaliste aux France, après avoir battu Emmanuel Lebesson notamment, Poret s’est hissé en finale d’un WTT Star Contender avec un parcours des plus galvanisants, presque ironique – et n'est clairement pas passé loin de l'exploit en finale contre Oh Junsung (4-3). Interrogé par notre équipe, il dit : “je pense que les championnats de France ont été un moteur essentiel de ma compétition à Chennai. J’ai gagné trois matchs sur de bons joueurs, et perdu contre Félix, donc j’ai ressorti beaucoup de positif sur cette compétition tout en ayant énormément de points à travailler et à renforcer.”

Difficile de conclure autre chose : respectivement huitièmes de finaliste et quart de finaliste aux championnats de France, Flavien Coton et Thibault Poret sont les surprises du Star Contender de Chennai. Atypiques, leurs deux parcours racontent quelque chose de ce qui se joue actuellement dans le ping européen, et a fortiori français. Bien sûr, tout peut se jouer sur un match, et ce qu’on dit maintenant ne vaut en principe que pour maintenant. Il n’en demeure pas moins qu’au sortir de deux week-ends où le ping français a brillé à domicile et à l’extérieur, on a envie de croire en une chose : si les championnats de France étaient un tournoi WTT, son niveau serait plus élevé que celui d’un Star Contender. Ça tombe bien, un Champions commence demain.