Pro B messieurs : Plongée au cœur de la double confrontation historique entre Caen et Fouras
Image : François Mousset
Texte : Alex Feutren
Jeudi 27 mars et mardi 1ᵉʳ avril, Caen et Fouras ont offert une demi-finale de Pro B Messieurs à couper le souffle. Plus qu’un affrontement, cette double confrontation était un véritable tremplin vers le plus haut des paliers : une place en finale, et peut-être un ticket inespéré pour la Pro A après le forfait de Jura Morez.
Caen, dauphin à l’issue de la phase régulière, abordait cette double confrontation en position de favori. Face à eux, une équipe de Fouras redoutable, menée par Andréa Landrieu, Marcos Madrid, Paul Gauzy et Loïc Bobillier. Les Charentais, sixièmes du classement, avaient déjà créé la surprise en éliminant Saint-Denis en quart de finale (6-3 cumulé, 3-2 / 3-1). Un précédent qui les plaçait en outsiders dangereux. D’autant que Caen avait pris l’ascendant lors de leur affrontement en saison régulière, s’imposant 3-1. Autant dire que la tension était à son comble avant cette demi-finale.
Un irrespirable match aller
Jeudi dernier, les hommes de Xavier Renouvin prenaient la direction de la Nouvelle-Aquitaine pour la première manche de cette demi-finale. Descendu de Pro A après une saison compliquée, Caen avait su rebondir en renouvelant son effectif avec les arrivées d’Emmanuel Lebesson et Lubomir Jancarik, deux joueurs d’expérience. Aux côtés de ces piliers, le fidèle Stéphane Ouaiche et le prometteur Jules Cavaillé formaient un collectif ambitieux. Et ce choix s’est avéré payant. Dès le premier match, la bataille s’annonçait rude. Lubomir Jancarik lançait les hostilités face à Andréa Landrieu, mais malgré une belle résistance, il s’inclinait au bout du suspense (2-3). Stéphane Ouaiche rétablissait l’équilibre en dominant Paul Gauzy au terme d’un combat intense (3-2). Puis, Emmanuel Lebesson imposait sa loi face à Marcos Madrid, donnant pour la première fois l’avantage à Caen (2-1).
Tout reposait alors sur Stéphane Ouaiche, qui avait l’occasion d’offrir une précieuse victoire 3-1 à son équipe. Et le scénario semblait écrit : après avoir remporté les deux premières manches 11-7, il semblait filer vers la victoire. Mais c’était sans compter la combativité d’Andréa Landrieu. L’ex-international français, médaillé de bronze aux Championnats d’Europe par équipes en 2019, renversait la situation en s’adjugeant les trois manches suivantes (12-10, 11-3, 11-9), sans jamais trembler. Malgré ce coup dur, Caen pouvait compter sur Lubomir Jancarik pour conclure cette première manche. Opposé à Paul Gauzy, le Tchèque ne tremblait pas et offrait finalement une victoire 3-2 aux Normands avec un avantage de 3 sets. Un succès précieux avant le match retour.
Domicile, extérieur : même combat
On pensait alors que Caen avait fait le plus dur en s’imposant à l’extérieur. Mais hier soir, Fouras est arrivé en Normandie avec des ambitions intactes et la ferme intention de renverser la vapeur. Misant sur la continuité, le club charentais reconduisait la même composition qu’à l’aller : Andréa Landrieu en numéro 1, Paul Gauzy en 2 et Marcos Madrid en 3. De son côté, Caen choisissait de surprendre. Stéphane Ouaiche, pourtant précieux au match aller, restait sur le banc. Lubomir Jancarik prenait la position de leader, Emmanuel Lebesson passait en numéro 2 et Jules Cavaillé héritait du numéro 3. Sur le papier, cette feuille de match semblait tourner en faveur des Normands, mais Paul Gauzy en a décidé autrement. Revanchard après sa défaite face à Lubomir Jancarik à l’aller, il réalisait une prestation impeccable en s’imposant 3-0 (11-9, 12-10, 11-9). Un coup de tonnerre dans la salle caennaise. L’avantage acquis à l’aller s’envolait, Fouras recollait à 3-3 sur l’ensemble des deux rencontres, et le doute s’installait.
Heureusement pour Caen, Emmanuel Lebesson, impérial, remettait rapidement son équipe sur les rails en dominant Andréa Landrieu en trois manches. Une victoire capitale qui rapprochait un peu plus les Normands de la finale. Derrière, Jules Cavaillé livrait un combat acharné face à Marcos Madrid. Après avoir mené 2-0, le jeune caennais voyait l’expérimenté Mexicain recoller à 2-2. Mais au bout du suspense, il s’imposait à la belle, offrant une nouvelle option sur la qualification. Fidèle à lui-même, Fouras ne lâchait rien. Andréa Landrieu, comme à l’aller, prenait une nouvelle fois le dessus sur Lubomir Jancarik et ramenait son équipe à 2-2 dans cette manche retour. À ce moment-là, le score global affichait 5-4 pour Caen. Deux sets. C’est tout ce qu’il manquait aux Normands pour valider leur billet en finale.
Lebesson - Gauzy pour la victoire
Le destin de Caen reposait alors sur Emmanuel Lebesson, opposé à Paul Gauzy. Le champion d’Europe 2016 débutait parfaitement en s’adjugeant la première manche. Dans le deuxième set, il obtenait deux balles de qualification, d’abord à 11-10 puis 12-11. À 12-11, il prenait un temps mort, sous une tension à son comble. Mais Gauzy, imperturbable, alignait trois points consécutifs et relançait complètement la partie. Boosté par ce retournement, il enchaînait avec un troisième set victorieux, mettant une énorme pression sur Lebesson. C’est alors que le leader caennais sortait le grand jeu. Dans un quatrième set irrespirable, il retrouvait son calme et son efficacité pour égaliser et sceller définitivement la double confrontation. Caen pouvait enfin souffler : direction la finale et, potentiellement, la Pro A. Derrière, Paul Gauzy a sauvé l’honneur des siens en remportant le dernier set. Score final : 5 matchs à 5, 22 manches à 21 pour Caen. On n'a pas mieux sous le coude.